collège Chatelet, on explore le chemin de la marionnette...

Publié le par Fabrice Levy-Hadida

marionnette--6-.JPGAu collège Chatelet à Douai, depuis que ça a  commencé,  je redécouvre mon travail. Face à moi des collégiens et des enfants de l'IMA dont les handicaps m'étaient pour certains inconnus jusque là. Je me sens gauche et mon rapport à certains des enfants de l'IMA dont je ne comprends pas le langage n'est pas encore posé. De l'autre côté  avec les collégiens, le rapport est facile, ils m'épatent, ils ont pris leur rôle à coeur, et soutiennent les enfants de l'IMA... Oui, Ils m'épatent, je ne sais pas si à leur âge j'aurais été aussi fort, aussi distant, aussi capable...
Après une première séance de découverte de notre travail (nous avions amené marionnettes et documentation qu'on a mis au centre et qui nous ont permis d'échanger), nous en sommes arrivé au vif du sujet ; transférer au groupe des techniques de construction, de manipulation, de jeu... Premières techniques abordées, la sculpture de visage dans la masse de la mousse et manipulation de gaine à bouche. Les séances ont lieu le mardi, elles démarrent avec les collégiens à 13H30. A 14H les enfants accompagnés d'éducateurs et de personnel de l'IMA  nous rejoignent. Le rituel est maintenat posé, dès leur arrivée, les enfants de l'IMA vont rejoindre leur binôme collégien. Après une séance collective d'une heure,  le groupe se séparera à 15H.
Intervenants à deux, nous avons du trouver notre rythme dans ces séances coupées et proposer des contenus dans lesquels les collégiens ne s'ennuient pas et avancent dans le travail tout en faisant que les enfants de l'IMA ne se dispersent pas. Pour l'instant, notre premier choix est de travailler de front manipulation et construction ; en début de séance tous les collégiens commencent la construction et quand les enfants de l'IMA arrivent  certains continuent avec leur binôme la construction pendant que d'autres partent en manipulation.
En général, dans tout atelier, il me faut (ré)apprendre mon savoir ; il me faut (ré)apprendre à le transférer.  Dans cet atelier plus qu'ailleurs il me faut (ré)apprendre. Mais plus que mon savoir, là, j'ai aussi le sentiment qu'il me faut réapprendre à être. Jusque là, avec certains des enfants de l'IMA j'utilise le rire comme outil de communication mais cela ne me suffit pas, j'en veux plus. Face à eux dont je ne comprends pas le handicap, je dois avouer que je me sens handicapé, amputé d'une partie de mes moyens et si eux ont appris à vivre avec depuis leur naissance, c'est neuf pour moi...Oui, plus que dans aucun autre atelier, Il nous faudra apprendre à être seuls ensemble. Près d'un mois après la première séance, le groupe constitué, les visages se précisent, nous nous reconnaissons mieux, il nous faut du temps, il nous faut de la patience.
Après chaque séance, nous prenons le temps avec Christine et Yann d'échanger nos impressions, nos points de vue, notre désarroi parfois face à un enfant qui ne cesse de jouer à s'échapper de la classe en courrant, face au langage silencieux. Ce temps d'échange est fort et bénéfique ; avec les collégiens, nous l'avons aussi mais plutôt qu'en fin de séance, il a lieu d'une semaine sur l'autre en début de séance.  Par contre  jusqu'a présent nous n'avons pu échanger nos points de vue avec les éducateurs et le personnel de l'IMA, et cela commence à nous manquer. Ils arrivent et repartent avec les enfants et nous ne pouvons bénéficier de leur connaissance des enfants, des repères qu'ils ont, leur connaissances du langage et de l'être qu'ils ont et qui nous font défaut. Cela changera j'en suis sûr.
Des visages en mousse apparaissent. Bientôt, sculptés ils pourront dire ce que les visages de chair, dos et de sang taisent. Dorothée, en manipulation a été étonnée par certains des enfants, dans cette exploration marionnettique, nous irons d'étonnement en étonnement, de découverte en découverte, de cela je suis sûr. Le chemin que nous avons devant nous est grand ouvert, il ne nous reste qu'à l'explorer !

Publié dans Point de vue artiste

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
F
Oui, yann, nous devons apprendre. Lentement... C'est précieux, ces sourires, ce plaisir d'être là, cet "insterstice ouvert", il ne faut pas en gâcher une miette, mais je dois reconnaître qu'impatient, j'en veux plus. Alors avec impatience je vais tenter d'apprendre la patience. <br /> pour finir et pour réponse à l'info, je ne sais pas quelle confusion-précipitation me fait appeler caroline, christine ? Pourtant je sais que caroline est caroline mais je sais aussi que comme la langue les doigts sur la calvier fourchent ! a tout à l'heure...
Répondre
C
<br /> <br /> <br /> <br />
S
Bonsoir Fabrice, <br /> je viens de découvrir ton texte qui me parle en ce que comme tu le formules la difficulté pour nous qui est de (ré)apprendre. Car chacun dans notre métier, nous sommes un rouage de transmission d'un savoir, d'un message et nous avons toujours à un moment ou un autre un retour. Or,les enfants dans leur handicap ont inventé un monde et un langage que nous ne maîtrisons pas ou pas encore. Peut-être, y-a-t-il plus à voir ? On perçoit leur plaisir à venir sur leur visage,on sent un attachement mais ta question reste entière, au-delà d'un plaisir d'être là, que leur apportons-nous ? Je ne sais pas. Peut-être qu'il nous faut d'abord être "l'élève", apprendre. Apprendre même dans la lenteur, découvrir la "clé" sans doute impossible mais trouver un interstice dans leur univers. Je me sens bavard et confus, sans doute. Pour conclure, tout comme toi, j'aimerais un temps d'échange avec nos collègues de l'ima. Enfin, pour la petite info, Christine s'appelle Caroline.
Répondre